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La classification AAP/EFP 2018 des maladies parodontales et péri‑implantaires

Numéro du cours: 610

Santé parodontale, gingivite et affections gingivales

Sur la base de la définition de l’Organisation mondiale de la santé « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité, »10 le comité de travail n° 1 a défini la santé parodontale comme un « état exempt de maladie parodontale inflammatoire qui permet à un individu de fonctionner normalement et d’éviter les conséquences (mentales ou physiques) dues à une maladie actuelle ou passée. »7 Cet état de santé parodontale doit être déterminé par l’absence clinique de maladie associée à la gingivite, à la parodontite ou à d’autres affections parodontales. L’absence de maladie peut inclure les personnes traitées avec succès qui ont déjà obtenu un diagnostic de gingivite, de parodontite ou d’autres affections parodontales et qui sont capables de maintenir un état sans inflammation.7 Cependant, il est important de reconnaître que le patient atteint de parodontite stable a un risque plus élevé de récidive que les patients ayant déjà eu une gingivite ou ceux qui sont continuellement en bonne santé. Du point de vue de la médecine de précision, ces patients nécessitent une surveillance continue et une évaluation individuelle des risques pour une prise en charge optimale.7 Il est important de reconnaître que la santé parodontale clinique englobe l’état physiologique de l’homéostasie, tant sur le plan immunologique que sur le plan microbiologique.

Voici une définition de cas des patients qui entrent dans la catégorie de la santé parodontale :

Tableau 2. Santé parodontale.

Santé gingivale clinique sur un parodonte intactSanté gingivale clinique sur un parodonte réduit :
Patient atteint de parodontite stable
Santé gingivale clinique sur un parodonte réduit :
Patient ne souffrant pas de parodontite (c’est-à-dire récession, allongement de la couronne, etc.)
Saignement au sondage <10 %
Profondeur de la poche de sondage ≤3 mm
Sondage sur la perte d’attache - Non
Perte osseuse radiologique - Non
Saignement au sondage <10 %
Profondeur de la poche de sondage ≤4 mm
  (pas de site ≥4 mm avec saignement au sondage)
Sondage sur la perte d’attache - Oui
Perte osseuse radiologique - Oui
Saignement au sondage <10 %
Profondeur de la poche de sondage ≤3 mm
Sondage sur la perte d’attache - Oui
Perte osseuse radiologique - Possible

Chapple et coll. 2018.7

Gingivite induite par un biofilm

Les cas de gingivite induite par la plaque dentaire, qu’ils surviennent sur un parodonte intact ou sur un parodonte réduit, quelle qu’en soit la cause, sont des cas de patients présentant des signes d’inflammation gingivale, tels que mesurés par le saignement au sondage. Les trois mêmes catégories décrites pour la santé parodontale dans le tableau 2 sont appliquées dans le tableau 3, qui définit plus précisément la gingivite induite par un biofilm.

Tableau 3. Gingivite induite par un biofilm.

Parodonte intactParodonte réduit :
Patient atteint de parodontite stable
Parodonte réduit :
Patient ne souffrant pas de parodontite (c’est-à-dire récession, allongement de la couronne, etc.)
Saignement au sondage ≥10 %
Profondeur de la poche de sondage ≤3 mm
Sondage sur la perte d’attache - Non
Perte osseuse radiologique - Non
Saignement au sondage ≥10 %
Profondeur de la poche de sondage ≤3 mm
Sondage sur la perte d’attache - Oui
Perte osseuse radiologique - Oui
Saignement au sondage ≥10 %
Pocket Probing depths ≤3mm
Profondeur de la poche de sondage - Oui
Perte osseuse radiologique - Possible

La gingivite localisée est >10 % et <30 % de saignement au sondage/La gingivite généralisée est >30 % de saignement au sondage. Adapté de Chapple et coll. 2018.7

Veuillez noter dans le tableau ci-dessus que pour les patients atteints de parodontite stable avec un parodonte réduit, s’ils ont un saignement au sondage dans les poches parodontales qui est soit égal ou supérieur à 4 mm, ils redeviennent automatiquement un cas de parodontite active et ne sont pas classés comme un cas de gingivite sur un parodonte réduit. Cependant, tant que les poches de 4 mm de profondeur ne présentent pas de signes d’inflammation (saignement au sondage), le cas reste une gingivite.

Il existe trois catégories distinctes de gingivites induites par un biofilm :10

  1. Associé uniquement à un biofilm

  2. La gingivite est causée par des facteurs de risque systémiques ou des facteurs de risque locaux

    1. Facteurs de risque systémiques (facteurs modificatifs)

      • Tabagisme

      • Hyperglycémie

      • Facteurs nutritionnels

      • Facteurs pharmacologiques

      • Hormones stéroïdes sexuelles (puberté, cycle menstruel, grossesse, contraceptifs oraux)

      • Conditions hématologiques

    2. Facteurs de risque locaux (facteurs de prédisposition)

      • Facteurs de rétention du biofilm de la plaque dentaire

      • Sécheresse buccale

  3. Hypertrophie gingivale sous l’influence des médicaments

Maladies gingivales non induites par un biofilm

Il est bien connu qu’il existe de nombreuses affections bucco-dentaires qui sont liées à la santé systémique. Certaines affections peuvent être exacerbées par des facteurs locaux tels que la plaque ou la sécheresse buccale, mais elles ne sont pas causées par le biofilm de la plaque et ne disparaissent généralement pas après l’élimination de la plaque. Ces affections peuvent être des manifestations de conditions systémiques ou elles peuvent être localisées dans la cavité buccale.10

Tableau 4. Maladies gingivales non induites par la plaque dentaire.

CatégorieAffections
Troubles génétiques/du développementFibromatose gingivale héréditaire
Infections spécifiquesOrigine bactérienne :
  • Gonocoque
  • Tréponème pâle
  • Tuberculose mycobactérienne
  • Gingivite streptococcique
Origine virale :
  • Virus Coxsackie (maladie mains-pieds et bouche)
  • Herpès simplex I et II (primaire ou récurrent)
  • Varicella zoster (varicelle-zona)
  • Molluscum contagiosum
  • Virus du papillome humain (papillome épidermoïde; condylome acuminé; verrues vulgaires; dysplasie épithéliale focale
Origine fongique :
  • Candidose
  • Autres mycoses (par exemple, histoplasmose, aspergillose)
Conditions inflammatoires et immunitairesRéactions d’hypersensibilité :
  • Allergie de contact
  • Gingivite plasmocytaire
  • Érythème multiforme
Maladies auto-immunes (peau et muqueuses)
  • Pemphigus vulgaire
  • Pemphigoïde
  • Lichen plan
  • Lupus érythémateux
    • Lupus érythémateux systémique
    • Lupus érythémateux discoïde
Lésions inflammatoires granulomateuses (granulomatoses orofaciales)
  • Maladie de Crohn
  • Sarcoïdose
Processus réactifsÉpulis
  • Épulis fibreuse
  • Calcification du granulome fibroblastique
  • Épulis vasculaire (granulome pyogène)
  • Granulome périphérique à cellules géantes
TumeursPrémalignité
  • Leucoplakie
  • Erythroplakie
Malignité
  • Carcinome épidermoïde
  • Infiltration de cellules leucémiques
  • Lymphome
    • Hodgkinien
    • Non hodgkinien
Maladies endocriniennes, nutritionnelles et métaboliquesCarences en vitamines
  • Carence en vitamine C (Scurvey)
Lésions traumatiquesPhysique
  • Kératose de friction
  • Ulcération gingivale induite mécaniquement
  • Blessure accidentelle (automutilation)
Chimique
  • Brûlure toxique
Thermique
  • Brûlures aux gencives
Pigmentation gingivaleMélanoplakie
  • Mélanose du fumeur
  • Pigmentation induite par des médicaments (antipaludéens, minocycline)
  • Tatouage par l’amalgame

Adapté de Chapple et coll.10