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La classification AAP/EFP 2018 des maladies parodontales et péri‑implantaires

Numéro du cours: 610

Introduction

Depuis plusieurs décennies, les cliniciens et les étudiants du monde entier considèrent l’American Academy of Periodontology (AAP) et la Fédération européenne de parodontologie (European Federation of Periodontology - EFP) comme les leaders mondiaux dans la classification des maladies parodontales. La dernière classification des maladies parodontales avant 2018 ayant été publiée en 1999,1 leur décision en 2015 de commencer à planifier un nouvel atelier mondial pour moderniser la classification sur la base de résultats de recherche plus actuels a été jugée justifiée. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles un système international de classification parodontale est nécessaire, et toutes sont importantes. Un système de classification fournit un langage international pour la recherche et la communication afin de faciliter les enquêtes de population sur la prévalence des maladies, l’histoire naturelle, l’étiologie et la pathogenèse. En outre, une définition de cas standardisée des maladies parodontales est essentielle pour permettre une plus grande homogénéité dans les protocoles de recherche tels que la détermination de l’efficacité des modalités de traitement ainsi que dans la recherche orale systémique afin de fournir des preuves plus cohérentes pour déterminer la nature de ces relations. Un système commun permet également le diagnostic, l’évaluation des risques et le pronostic afin de sensibiliser les patients et de communiquer avec eux, et surtout, de garantir la mise en œuvre d’un traitement approprié.

Après deux ans de planification intensive, l’atelier mondial s’est tenu à Chicago du 9 au 11 novembre 2017.2,3 Dix-neuf documents de synthèse et quatre rapports de consensus ont été commandés par le comité d’organisation de l’AAP/EFP en vue non seulement d’actualiser et de réviser la classification de 1999, mais aussi d’inclure les maladies et affections péri-implantaires.2,3 Ces comités de travail ont également été chargés d’établir à la fois des définitions de cas et des critères de diagnostic pour aider les cliniciens à utiliser le nouveau système. Les 4 comités de travail chargés de la création des rapports de consensus ont été répartis comme suit :

  • Comité de travail n° 1 : Santé parodontale et maladies gingivales et affections sur un parodonte intact et un parodonte réduit.

  • Comité de travail n° 2 : Parodontite.

  • Comité de travail n° 3 : Manifestations parodontales de maladies systémiques et d’affections du développement et acquises.

  • Comité de travail n° 4 : Maladies et affections péri-implantaires.

Ce système de classification est basé sur ces 4 catégories englobant la littérature disponible la plus récente. En particulier, la création du nouveau système a été motivée par l’accent mis sur les conclusions du projet microbiote humain, la définition de la santé de l’Organisation mondiale de la santé, les nouvelles découvertes sur l’inflammation et le concept de médecine de précision/personnalisée.

Un changement majeur par rapport à la classification de 1999 était nécessaire, car les progrès de la recherche scientifique ont fourni de nouvelles preuves provenant de sources multiples telles que des enquêtes de science fondamentale, des études de population et des études prospectives qui ont évalué les facteurs de risque environnementaux et systémiques. Le premier changement majeur a été de régler certains des problèmes non résolus de la classification précédente. La classification précédente n’identifiait pas les paramètres de la santé gingivale ou de la gingivite sur un parodonte intact ou réduit. Cela a conduit à un manque de clarté concernant la classification du diagnostic étant donné la présence d’une inflammation gingivale à un ou plusieurs endroits et une définition de la gingivite applicable au patient. Ainsi, une définition de la santé parodontale a été incluse dans cette classification, et celle-ci sert d’objectif de fin de traitement et de référence pour le contraste avec les processus pathologiques. Dans cette classification, le saignement lors du sondage a été identifié comme le principal paramètre permettant de fixer les seuils de gingivite.2,3,11,12, La nouvelle classification différencie également la santé gingivale et l’inflammation gingivale se produisant sur un parodonte intact de celle trouvée sur un parodonte réduit, qui pourrait être présente chez un patient souffrant de parodontite stable ou un patient ne souffrant pas de parodontite, chez qui l’attachement n’a pas été perdu en raison d’une parodontite inflammatoire.2,3 Il est bien établi que la gingivite est réversible et donc qu’un patient atteint de gingivite peut revenir à un état de santé. Chez un patient qui a perdu son attachement à cause d’une parodontite inflammatoire, il subsiste un risque accru de perte d’attachement et, par conséquent, malgré un traitement efficace, un patient atteint de parodontite le restera à vie et aura besoin de soins de soutien tout au long de sa vie.2,3 L’introduction et l’incorporation d’un système de classification des stades et de gradation basé sur les systèmes médicaux de symptomatologie et de stratification des risques, comme ceux de l’hypertension ou de l’oncologie, est un autre changement majeur dans cette classification des parodontites. Enfin, l’inclusion d’une classification pour la santé et les maladies péri-implantaires a aussi été ajoutée au nouveau système de classification.

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